L'amour dure trois ans

Critique littéraire et chroniqueur mondain, Marc se sépare d'Anne après trois ans de mariage. Il en est désormais persuadé, l'amour dure trois ans. Sûr de son fait, dégoûté par une vie qui l'a déçu, il se lance dans l'écriture d'un premier essai sur ce thème. Dans le même temps, il fait la rencontre d'Alice, qui lui redonne foi en l'amour. Alors que son texte est un succès inespéré, faisant la une de toutes les devantures, il n'ose avouer à Alice qu'il en est l'auteur...

Autoproclamé 'meilleur film de Frédéric Beigbeder', L'amour dure trois ans entend revisiter avec fraîcheur la comédie romantique moderne. Entre les relectures américaines du genre et les prises de tête verbeuses à la française, l'incursion cinématographique de Beigbeder ne choisit pas, jouant sur les deux tableaux en se parant du ton désabusé d'un anti-héros qui joue la mise en abyme avec son auteur-réalisateur. Si l'ensemble ne fleure pas l'inoubliable, il ne s'en dégage pas moins un vent d'originalité plutôt bienvenu. Clairement, ce n'est la réalisation plutôt ordinaire qui sort le film du lot mais bien son ton, sur lequel l'auteur-chroniqueur-cinéaste fait planer une liberté assumée glissant du dialogue graveleux à une poésie inattendue. Portée par un Gaspard Proust cynique, grinçant et surtout un peu perdu, cette comédie sait se faire attachante, croquant des portraits bien sentis et n'hésitant pas à couper court à toute nunucherie malvenue. Devant la caméra, Beigbeder réunit une bande de comédiens plutôt novices (voire inconnus dans ce registre) et des vieilles gloires quasi inespérées (Bernard Menez !) pour un mélange des genres somme toute assez efficace. Hélas, si le ton général est plutôt bien vu, le récit donne plutôt dans le très convenu, désamorçant les espoirs suscités par cette approche assez réussie de la comédie romantique qui ne tient, du coup, pas ses promesses.