La passion selon Sade

Réunissant plusieurs textes de Sade, la pièce présente le mythique double personnage de Justine et de Juliette, le vice et la vertu interprété par une seule chanteuse. En l'occurrence, dans la mise en scène d’Antoine Gindt et sous la direction de Léo Warynski, c'est la jeune soprano Raquel Camarinha, accompagnée par l'ensemble multilatéral, qui bluffe le public par son interprétation fascinante et sa voix électrisante. La mise en scène sadomasochiste et intimiste révèle toute la profondeur et la pensée révolutionnaire du philosophe. Ce spectacle à la limite du psychanalytique n'est adressé qu'à un public averti de plus de 16 ans dans la mesure où l’érotisme, la nudité et les scènes de soumission/ flagellation peuvent surprendre. Rompant les règles de la bienséance théâtrale, cette pièce qui fit scandale à sa sortie demeure aujourd'hui un classique du théâtre lubrique mais aussi politique. Le discours "Français, encore un effort" clamé par Eric Houzelot – acteur du marquis- en prologue dénonce l'hypocrisie de la parole politique mais aussi de l'homme politique lui-même. En effet, ce personnage politiquement moralisateur assouvira ses plus bas instincts sur une femme seulement à moitié consentante. La passion selon Sade est une pépite lyrique et charnelle. Les textes du marquis de Sade y sont sublimés par une mise en scène incomparable s'adressant de plein fouet aux impudiques spectateurs.