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Lonepsi en tournée

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Un voix profonde posée sur des notes de piano, des textes très travaillés… Entre rap, chanson et poésie urbaine, le Parisien Lonepsi nous invite dans son univers mélancolique et unique. Il entame en février une tournée à travers la France, qui passera aussi en Suisse et en Belgique. Et il se murmure qu’un nouveau projet est en préparation. Rencontre.

Sortir : Faisons les présentations, d’où vient ton nom de scène ?

Lonepsi : Lonepsi c’est Upsilon à l’envers, la lettre de l’alphabet grec. J’ai décidé de la renverser pour rendre une sonorité plus authentique. Upsilon c’est un condensé de plein de significations qui me correspondent pas mal, donc ça tombait bien.

 

Sortir : Contrairement à de nombreux artistes, tu ne viens pas d’une famille de musiciens. Comment la musique est-elle entrée dans ta vie ?

Lonepsi : Je ne viens pas d’une famille de musiciens, c’est vrai. Mais je dois dire que mes parents, et surtout mon père, sont de grands mélomanes. Il ne me l’a pas transmis directement, mais il y a des choses qui se transmettent de génération en génération, parfois de façon indirecte. Le premier pas que j’ai fait dans la musique, c’est quand on a emménagé dans une nouvelle maison. Le seul mobilier qui restait était un piano. Je ne l’ai pas approché tout de suite, mais les mois ont passé et j’ai décidé de lui tenir compagnie en composant quelques mélodies. Avec le temps, les mélodies se complexifiaient et j’ai voulu en faire quelque chose d’un peu plus sérieux. Voilà comment j’ai mis le pied dans la musique.

 

Sortir : Et de là, comment en es-tu venu au rap ?

Lonepsi : J’ai commencé à faire du piano à 16-17 ans et le rap est venu à peu près au même moment, enfin vers 17-18 ans. J’ai commencé au lycée avec ma bande de potes de l’époque. On faisait ça pour rigoler, pour s’amuser, pour passer le temps. C’est devenu une affaire un peu plus sérieuse avec le temps. En fait, j’écris depuis que je suis tout petit, depuis que j’ai appris à écrire. Au départ, quand j’ai commencé le rap, j’écrivais des choses un peu bêtes, c’était des vannes gratuites qu’on se lançait entre potes. Un jour, j’ai décidé de mêler à l’écriture que je faisais depuis toujours, cette nouvelle discipline qu’était le rap pour en faire mon projet. Dans un troisième temps, j’ai rajouté le piano. Ces trois ingrédients donnent la couleur principale de mon projet aujourd’hui.

 

Sortir : Oui justement, ton travail est assez atypique, quels mots utilises-tu pour parler de ta musique ?

Lonepsi : Moi c’est justement le mot musique que j’aime employer. Je fais du rap, je fais de la chanson, mais je n’aime pas obéir à un code particulier. Ça dépend de mon humeur, parfois ce sont des chansons planantes. Je préfère obéir à mes envies. Si j’ai envie d’un texte bien rappé, je fais un texte bien rappé, si j’ai envie d’un texte chanté, je fais un texte chanté. Et je pense qu’il n’y a pas que moi qui fait ça, c’est vraiment quelque chose de générationnel. Plus la musique avance et plus les artistes s’affranchissent de tous les codes prédéfinis qu’il pouvait y avoir avant.

 

Sortir : Les textes de tes chansons sont très introspectifs. Penses-tu que tes études en psychologie t’ont aidé à analyser ces émotions et à les verbaliser ?

Lonepsi : Je dirais que c’est parce que j’avais déjà cette facilité à regarder en moi et à comprendre ce qui c’était passé, que j’ai fait des études de psychologie. Alors évidemment mes études ont affiné cette faculté que j’avais déjà, mais j’ai toujours essayé de comprendre ce qui m’arrivait en me posant, en m’interrogeant, en écrivant.

 

Sortir : En musique et en littérature, quels sont tes grands modèles ?

Lonepsi : Sur le plan musical, j’ai énormément d’artistes qui m’inspirent. Je dirais, pour condenser en trois artistes, Kendrick Lamar, Ray Charles et Chopin. Ces trois artistes n’ont rien à voir, mais me parlent de la même façon. Côté littérature, les deux poètes qui m’accompagnent le plus sont Baudelaire et Aragon. Pour ce qui est des romans, il y a évidemment Hermann Hesse qui a écrit Le loup des steppes (ndlr : également le titre de l’un de ses morceaux), mais aussi Siddhartha, des livres qui m’ont vraiment beaucoup aidé dans la vie à mieux me comprendre et à passer des étapes importantes. Et sinon, il y a un auteur italien plus contemporain qui s’appelle Alessandro Baricco et qui est aussi musicologue. C’est intéressant de le lire d’un point de vue musical parce qu’il y quelque chose de l’ordre de la musique dans ses livres, dans sa façon de balancer les phrases, mais aussi de structurer son livre. Il y a des phrases qui reviennent comme des refrains. C’est un auteur qui me parle beaucoup et c’est un de nos contemporains, donc c’est d’autant plus intéressant à lire.

 

Sortir : Et qu’écoutes-tu ces jours-ci ?

Lonepsi : Il n’y a pas vraiment de musique en particulier que j’écoute en ce moment comme je suis très concentré sur ma musique et que j’ai déjà beaucoup écouté avant pour puiser de l’inspiration, de l’énergie. J’avoue que je suis très tourné sur ma propre musique pour essayer de l’emmener jusqu’au bout. Mais là je suis devant ma bibliothèque Spotify, je tombe sur le dernier album de Lana Del Rey, qui n’a rien à voir avec le rap, mais qui est vraiment une œuvre d’art, très réussie.

 

Sortir : Comment procèdes-tu pour écrire un morceau, quelle est ta recette ?

Lonepsi : Je dirais qu’il y a deux façons de faire. Parfois c’est une écriture assez automatique, assez libre et décomplexée, où limite je subis ce que j’écris et c’est une force supérieure qui me guide. Et parfois l’inspiration ne vient pas si facilement que ça et j’ai besoin de me faire violence devant ma page pour tenter d’écrire les premières phrases qui vont donner assez d’élan pour écrire la suite du texte. Une façon de faire naturelle et une façon plus forcée.

 

Sortir : Et tu commences systématiquement par le texte ?

Lonepsi : Oui toujours. J’écoute une musique assez calme, sans rythme, planante et nébuleuse et j’essaye d’écrire ce qui me passe par la tête, des phrases, des idées, sans rime, sans rythme. Ensuite quand je lis la prose que j’ai écrite je tente d’imaginer une chanson qui pourrait coller à ce thème, à ces tournures de phrase. J’essaye de mettre la prose en rythme, je rajoute des rimes et ça donne un premier morceau.

 

Sortir : As-tu un lieu de prédilection pour écrire ?

Lonepsi : Si la nuit est un endroit, alors c’est la nuit !

 

Sortir : Tu pars bientôt en tournée, que vas-tu proposer au public lors de tes concerts ?

Lonepsi : Je suis vraiment très pressé de commencer cette tournée, de retrouver le public qui est sur internet, de transformer les commentaires sous une vidéo en visages, en regards, en vibrations. Je vais proposer de l’interprétation traditionnelle, c’est-à-dire instrumental, batterie et voix, mais aussi des versions piano-voix et piano-voix-batterie. Il y aura évidemment des nouveaux morceaux, de quoi proposer des surprises pendant ces soirées-là.

 

Sortir : Au sujet de ce passage d’Internet à la scène, tout a commencé pour toi en ligne, tu peux nous en parler ?

Lonepsi : Moi je suis un enfant d’Internet. J’ai vraiment commencé par là, un peu par hasard, en publiant nonchalamment une ou deux musiques sur Soundcloud. La première musique a fait cent écoutes, la seconde cent et ça s’est multiplié jusqu’à arriver à aujourd’hui. Je pense que sans Internet, je n’aurais pas eu ce début de carrière. Dans un monde où il fallait sortir de chez soi, toquer à la porte des labels pour se faire connaître ou aller dans des télé-crochets, je n’aurais pas pu, parce qu’il faut de l’audace et de l’envie. Moi je n’en avais pas vraiment envie de ça. C’est quelque chose que je chéris énormément, parce que j’ai vraiment de la chance que ça m’arrive, mais c’est grâce à Internet.

 

Sortir : La scène n’était donc pas ton milieu naturel, comment s’est passé ton premier concert ?

Lonepsi : C’était assez particulier, j’étais très très stressé, j’avais le souffle un peu coupé les 5-10 premières minutes. Je me souviens, c’était à Angers, la salle était remplie. Tout le monde chantait mes paroles. Ils m’ont donné tellement de confiance, tellement de chaleur, que cette angoisse s’est vite transformée en une euphorie, en une joie, qui est restée par la suite. Aujourd’hui, je n’arrive plus à être stressé en pensant à mes concerts, c’est vraiment que du bonheur. Il y a forcément un peu d’adrénaline avant de monter sur scène, c’est la seule forme d’angoisse qui existe pour moi.

 

Sortir : L’été dernier tu as fêté tes 25 ans, cette étape a-t-elle été l’occasion pour toi de réfléchir à ce que tu as déjà accompli et à tes envies pour le futur ?

Lonepsi : Ça aurait pu être une excuse, c’est vrai ce chiffre rond pour faire un bilan et me projeter dans l’avenir, sauf que moi je suis vraiment très focalisé sur le moment présent et je suis très peu attaché aux anniversaires. C’est-à-dire que le 1er août, le jour de mon anniversaire, pour moi est un jour comme les autres. Je me souviens avoir travaillé comme les autres jours, parce j’ai véritablement envie de mettre toute mon énergie dans les jours qui passent pour que, plus tard, je sois assez serein pour me dire que quand j’avais la vingtaine je n’ai pas merdé !

Publié le 06/02/2020 Auteur : Propos recueillis par Aurore de Carbonnières

13/02/20 : La Soufflerie, Rezé, www.lasoufflerie.org

14/02/20 : Le Rocher de Palmer, Bordeaux, www.lerocherdepalmer.fr

15/02/20 : Metronum, Toulouse, metronum.toulouse.fr

06/03/20 : L’Autre Canal, Nancy, lautrecanalnancy.fr

07/03/20 : La Laiterie, Strasbourg, www.artefact.org

13/03/20 : Les Docks, Lausanne, www.docks.ch

19/03/20 : La Lune des Pirates, Amiens, www.lalune.net

20/03/20 : Le Grand Mix, Tourcoing, legrandmix.com

21/03/20 : Le Botanique, Bruxelles, botanique.be

25/03/20 : Transbordeur, Lyon, www.transbordeur.fr

27/03/20 : Rockstore, Montpellier, www.rockstore.fr

28/03/20 : Espace Julien, Marseille, www.espace-julien.com

 

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