L’autoroute, Luc Lang
« C’est à l’instant précis où je me demandais s’il fallait encore attendre le dernier train d’Armentières ou chercher une chambre d’hôtel dans cette petite ville baignée d’une neige précoce, déjà grise et liquide, qu’elle m’aborda avec son compagnon ». Cette petite ville, c’est Orchies. Car c’est bien dans la Capitale de la chicorée que Luc Lang établit son nouveau roman. Pourquoi Orchies ? « Parce que j’ai un attachement particulier au Nord et ses terres betteravières si lourdes que l’on a l’impression que de l’huile va en sortir. C’est aussi une histoire hantée par le jazz. Et l’on trouve de nombreux musiciens de jazz dans le Nord, notamment grâce au nombre de fanfares… » explique l’auteur.
Avec trois personnages (Thérèse, Lucien et « Fredo »), Luc Lang mène un étrange récit : brumeux, triste et mélancolique. Le lecteur suit la rencontre de Fredo, un saisonnier sans attaches et de Thérèse et Lucien, un couple mal assorti, gentiment porté sur l’alcool, souffrant d’un trop-plein de générosité, d’humanité… et de mystères. A l’image d’un Fredo hésitant (partir vers sa liberté ? rester au sein d’un « clan » étrangement fascinant ?) le récit balance… jusqu’à ce qu’au dénouement final, où la vie, le monde extérieur, le destin… reviennent les bousculer.

On ne voyait que le bonheur, Grégoire Delacourt
Du côté de chez Lattès, on compte neuf romans pour cette nouvelle rentrée littéraire. Cette année, c’est l’enfance, la difficulté de grandir, aux côtés de préoccupations sociétales (les solitudes urbaines, crise du couple, etc .) qui jalonnent les titres de cette rentrée littéraire. La petite nouveauté, c’est de trouver Grégoire Delacourt dans cette rentrée littéraire.
On ne voyait que le bonheur, c’est la phrase qui dit que les apparences peuvent être trompeuses. Que sur les photos, on voit les sourires, pas les pleurs de la veille. Un titre joliment ironique pour un roman (bien plus sombre que La liste de mes envies) qui parle de vie ratée, d’amours perdues et d’enfants qui meurent. « Il s’agit de mon livre le plus personnel sur le bonheur, les désillusions et le pardon, explique l’auteur. Son écriture a été motivée par un déclic : quand on m’a prévenu que mon père n’en n’avait plus que pour 18 mois. Ça a réveillé plein de questions en moi. Comment est-ce qu’on laisse partir quelqu’un qu’on aime ? Est-ce qu’on aime assez les gens qu’on aime ? Est-ce qu’on est encore un fils quand on n’a plus de père ? En partant de tout ça, j’ai créé Antoine, la quarantaine, qui est à la fois un fils et un père. Assureur né à Cambrai et spécialisé dans la valeur des indemnités. Son métier est d’estimer la vie, il est payé pour ne pas payer. Il n’a le droit ni a la compassion, ni à la tendresse. Avec ce conflit, il en arrive à un burn-out. En ça, je voulais coller à l’époque. Pendant une nuit, il va essayer de voir ce que vaut sa vie. Et il va arriver à un résultat… ». Les amateurs de Jocelyne, la modeste mercière arrageoise risquent bien d’être déstabilisés par cette incursion presque psychanalytique dans la vie de l’auteur…

Angor, Franck Thilliez
Sharko et Hennebelle sont de retour ! Dans ce quatrième volet qui voit le duo réuni (après Le syndrome E, Gataca et Atomka), il sera question de femmes séquestrées, de cauchemars récurrents, de greffes de cœur… et d’angor (un « douloureux syndrome thoracique »). Ce nouveau roman sera aussi l’occasion de rencontrer Camille Thibaut, gendarme à Villeneuve d’Ascq qui finira par croiser le chemin de Sharko et Hennebelle, au fil d’un roman ténébreux et intriguant, angoissant et même parfois un peu perturbant. On ne vous en dit pas plus, si ce n’est que comme d’habitude, il s’agit d’une nouvelle intrigue rondement menée par un Franck Thilliez qui sait décidément comment s’y prendre pour nous faire aimer avoir peur !