Philippe Favier "All-Over"
Cet artiste particulier semble appartenir à ces spécimens « inclassables » qu’aucune école ne peut revendiquer et auxquels aucune génération ne semble coller.
Apparu et reconnu dans les années 1980, l’originalité de sa recherche et sa capacité à ne pas s’en laisser compter le distinguent très vite de beaucoup d’artistes de cette période trop hâtivement re- groupés.
Depuis plus de 35 ans, son œuvre en perpétuel questionnement nous offre un éventail d’expériences souvent originales qui semblent inoculer un renouvellement secrètement autarcique.
Ses sources sont si diverses qu’il dit pouvoir n’en maîtriser aucune. Qu’il se réfère à Velàzquez ou à Reinhardt, aux glyphes incas ou au braille, aux icônes du Péloponnèse ou au cinéma indien, qu’il frôle Antonin Arnaud ou Antonio Porchia, Sempé ou Raôul Duguay, tout semble pouvoir l’inspirer sans que nulle hiérarchie ne vienne interrompre le flux de cette curiosité de lépidoptère. L’observateur attentif découvrira qu’au tamis de ces quelques décennies, l’ombre d’une encyclopédie buissonnière pointe son nez. Une sorte d’inventaire, orchestré par un Queneau aussi souriant que morbide, un Prévert polymorphe* aux dérapages parcimonieusement contrôlés qui confèrent à cette œuvre une authenticité, une sorte d’évidence brutale qui s’interdit de dévergonder le choix, que ce soit par le savoir ou le calcul.
Publié le 03/05/2021