Raymond Depardon-Kamel Daoud

L’un français, cinéaste et photographe, revisitant ses photos d’Algérie. L’autre algérien, journaliste et écrivain, né en 1970, après l’indépendance de son pays.
En 1961, le tout jeune Raymond Depardon réalise plusieurs reportages photographiques à Alger, puis à Évian, pendant les premières négociations pour mettre fin à la guerre d’Algérie. Près de soixante ans plus tard, avec le désir de publier ces photographies dans une perspective algérienne, il rencontre Kamel Daoud.
Porté par Barzakh, la maison d’édition algérienne de l’écrivain, un projet d’ouvrage à quatre mains prend forme : un beau livre faisant entrer en résonance photographies « algériennes » de 1961 et textes inédits de Kamel Daoud.
Raymond Depardon retourne en Algérie en 2019 et y réalise une série de photos, à Alger puis à Oran, ville où habite Kamel Daoud. Les éditions Barzakh ont alors proposé à l’Institut du monde arabe de monter une exposition à partir du livre. Celle-ci propose des images rares et des textes inédits qui se répondent en écho tout en pouvant être vues ou lus séparément : deux mondes, deux regards indépendants et pourtant complémentaires qui s’enrichissent mutuellement…
« Raymond Depardon photographie ce qu’il voit à la jonction de ce qu’il ne voit pas. Je regarde ce que je ne vois pas, en croyant savoir ce que cela signifie. Son œil dans ma main. Son corps est ma mémoire. Ce qui m’intéresse chez le photographe, c’est son corps, son errance, son voyage : je me glisse en lui, j’épouse ses mouvements, son regard, sa culture, ses préjugés peut-être, mais aussi sa singularité. Errance de déclic en déclic. » Kamel Daoud, extrait du livre « Son œil dans ma main. Algérie 1961-2019 », Barzakh/Images Plurielles, 2022
Publié le 28/09/2022