SORTIR : Parlons chiffres d'abord : combien de films vont être proposés dans les salles lyonnaises ?

JPG : Plus de 60 films ! Dont la moitié sont des longs-métrages, et le reste se partage entre courts-métrages et documentaires. Le choix n'a pas été simple : imaginez qu'il nous a fallu visionner environ 700 films entre juin et septembre...

SORTIR : Quels pays sont aujourd'hui les plus actifs sur la scène cinématographique asiatique ?

JPG : Ces dernières années, la palette était large : on retrouvait régulièrement dans la sélection des oeuvres d'Indonésie, des Philippines et de Singapour par exemple. Cette année, 3 pays sont surtout présents : l'Inde, la Corée du Sud et le Japon.

SORTIR : Une répartition qui s'explique peut-être par les temps-forts que vous avez choisis pour cette 14ème édition ?

JPG : Tout à fait, l'Inde (qui est le premier producteur mondial de films !) est mise en avant avec 13 films et une table ronde. De même que la Corée du Sud, nous allons célébrer son cinéma sous 2 de ses meilleurs angles : d'une part en accueillant comme prestigieux parrain l'acteur Choi Min-sik, accompagné de 5 de ses plus grands films (Crying Fist, Ivre de femmes et de peinture, Old boy...). Et d'autre part, en laissant carte blanche à Indiestory : en présentant un film sorti chaque année depuis 1998 par ce seul distributeur coréen indépendant, nous obtienons ainsi une intéressante histoire du jeune cinéma coréen.

SORTIR : Quelle évolution percevez-vous dans cette production asiatique au fil des ans ?

JPG : Une tendance se dessine depuis l'année dernière, sûrement due à l'arrivée de la caméra DV (Digital Video) : l'arrivée d'une jeune génération qui, à l'image de ce qui se fait en Thaïlande par exemple, réinvente le cinéma. Une évolution des tabous, au niveau du sexe ou de la violence notamment, qui m'a d'ailleurs posé bien des cas de conscience : devais-je ou non sélectionner des oeuvres cinématographiquement talentueuses mais contenant des images pouvant choquer ? Au final, et sans volonté délibérée de ma part, c'est la 1ère fois depuis 14 ans que la programmation comporte 4 films interdits aux moins de 16 ans ! Il faut parfois être prêt à l'expérience, et risquer de se prendre une claque... De toute façon, le public est invité à noter les films qu'il voit (par le truchement d'un mystérieux système de jonques...) : le prix qui en résulte, très apprécié des réalisateurs, sera remis lors de la conviviale soirée de clôture le dimanche 9.

SORTIR : Ce public curieux d'Asie trouvera aussi, à côtés des écrans, d'autres chemins pour accéder à ces cultures...

JPG : Oui, les visiteurs (de 8 à 12 000 lors des précédentes éditions) pourront découvrir des expositions (peintures, dessins, photos...), assister à des conférences ou des concerts de musique traditionnelle. Et pour se remettre de toutes ces émotions, des ateliers leur seront proposés, pour qu'ils s'initient à des massages, gymnastiques, techniques de calligraphie ou encore de saveurs culinaires rapportées de ces différents pays.

SORTIR : Pour conclure, quels sont vos 3 coups de coeur pour ce festival ?

JPG : Parmi les oeuvres, je vais citer Le Héros défiguré, film coréen de 1992 où Choi Min-sik apparaît dans l'un de ses premiers rôles, étonnant. Puis Om Shanti Om, un film indien comme Bollywood n'en sort que tous les 3 ans : un véritable ballet incessant de couleurs et de danses. Et dans le cinéma d'auteur, je retiendrais Tropical Manilla, qui ne plaira pas à tout le monde mais va remuer les consciences. Enfin, nous aurons la chance d'accueillir un père et son fils indiens, qui viendront réaliser plusieurs performances en direct. Or ils constituent une véritable légende vivante : ce sont les tout derniers peintres d'affiches de cinéma...