unger.jpgQuatre styles bien différents, narrateurs et point du vue multiples, introspection ou récit des faits, toujours nerveux et sans temps morts, quatre personnages au caractère bien trempé, bien décidés à connaître le fin mot de l'histoire, à ne pas être les dindons de la farce. Dans la veine des livres du genre, bien noirs, mais aussi très surprenants et ne manquant pas de caractère.
Et surtout ne te retourne pas (Lisa Unger, Belfond, 21€), c'est le conseil qu'envoie par texto son mari, Marcus, à Isabel, jeune femme séduisante et intelligente, écrivain à succès, dont l'univers s'écroule un beau matin, saccages, agressions, doutes. Marcus, celui qu'elle pensait connaître se révèle être un tout autre personnage, qu'elle va essayer de retrouver, jusqu'à Prague, à ses risques et périls. Efficace !nuit.jpg
Autre jeune femme trompée, qui va devoir fouiller dans le passé, Cynthia, dynamique mère de famille (presque ordinaire). Cette nuit-là (Lindwood Barclay, Belfond, 20,50€), alors adolescente, rebelle, Cynthia s'est couchée en colère, fâchée contre ses parents. Le lendemain, toute sa famille avait disparu. Labyrinthique histoire de disparition, révélations surprenantes, suspense haletant, originalité aussi de cette recherche tortueuse. Essoufflant !
Autre personnage récurrent des polars : le flic désabusé, obligé de laver son honneur. Il s'incarne cette fois sous les traits crais.jpgd'un détective privé rusé, efficace et finalement attachant, Elvis Cole. Il y a quelques années, il avait fait libérer un prétendu serial killer... que l'on retrouve une balle dans la tête, l'arme à la main, album photo des sept femmes assassinées à ses pieds : suicide d'un tueur malencontreusement innocenté ou crime déguisé pour égarer les policiers ? Cole va devoir prouver qu'il ne s'est pas trompé ! Ripoux patibulaires, malversations et corruptions, tueurs en série, le tout dans le décor de L.A., A l'ombre du mal (Robert Crais, Belfond, 20,50€) est une belle réussite du genre !
Image 1.pngMais notre préféré, plus atypique, reste Kolyma (Tom Rob Smith, Belfond, 22€). Histoire et fiction s'entremêlent. 1956, union soviétique des lendemains de la mort de Staline, Kroutchev pourrait bien semer le chaos avec son rapport du XXème congrès. Déjà, les langues se délient, des prisonniers refont surface, emplis d'un esprit de vengeance. Leo Demidov, ancien agent de la police secrète, aujourd'hui repenti, pourrait bien en faire les frais. Bientôt, l'un de ses filles adoptives, qui le hait pour son passé, est kidnappée. D'anciens tortionnaires sont assassinés. Leo va devoir plonger dans les souffrances des goulags de la Kolyma, où il a envoyé tant de gens, dans les affrontements du soulèvement de Budapest... Une longue descente aux enfers, aux incroyables rebondissements, où il est question de remords, de repentir, d'absolution. A-t-on droit à une seconde chance ? Une ouvrage envoûtant, pas du tout manichéen : où est le bien ? Où est le mal ? La frontière se fait tenue, avec en filigrane, cette vraie question : où est l'humanité ? Quels combats seraient plus légitimes que d'autres ?