Tandis que la Philarmonie de Paris se penche sur Chagall : le triomphe de la musique, la Piscine de Roubaix propose de revenir sur les sources de cette affinité entre Chagall et la musique.
En 2007, La Piscine présentait des céramiques de l'artiste. En 2012, il s'agissait de s'interroger sur les liens entre Chagall et le monde du spectacle. Cette fois, place aux origines !
Né dans une communauté russe où la musique était considérée comme un moyen d'entrer en contact avec Dieu, le peintre est toujours resté proche de la musique. Cette inscription fondamentale dans les gênes de l'artistes n'a jamais cessée de transpirer dans ces toiles. Qu'il s'agisse d'une mandoline, d'un violon ou d'une harpe, les instruments parsèment son oeuvre autant qu'ils animaient sa famille.
Ainsi, cette incursion dans l'histoire musicale du peintre revient à une vraie plongée dans son histoire familiale. Une plongée qui prend même des accents d'inédits : sur plus de 200 oeuvres présentées (dont quelques vitraux très rarement présentés), seules quelques unes ont déjà été vues à Roubaix. « L'étape parisienne, qui aurait pu être une complication, permet une complémentarité. Les deux expositions ne sont pas concurrentielles, chacune propose des chemins différents autour d'un thème commun. » résume Bruno Gaudichon, le directeur du musée et commissaire de l'exposition. Une exposition qui sera aussi une ultime occasion d'afficher de beaux chiffres de fréquentation avant d'entrer dans une longue phase de travaux d'agrandissement.
Bruno Gaudichon, sur la série de tableau autour de Bella :
« L'autre personnage clé dans la vie de Chagall, après David, son frère, c'est Bella Rosenfeld, dont il fait la connaissance avant son départ pour Paris.
La première oeuvre présentée représente un bouquet de fleurs : il s'agit de la représentation du bouquet présent au moment de leur rencontre. Cette question du bouquet revient aussi ensuite... Le bouquet est complètement lié à la question du rapport entre l'artiste et sa muse. L'autre oeuvre, c'est Les Fraises, un tableau que l'on voit peu souvent et qui n'apparait pas immédiatement comme étant une oeuvre de Chagall.
On y voit Bella au premier plan avec des assiettes de fraises. La petite fille, c'est Ida, leur enfant née en 1916. Ce qui est formidable dans ce tableau, c'est la composition autour du blanc de la nappe : la question de la passion avec les fraises, le corsage de Bella, jusqu'à l'édredon de la chambre qui apparaît d'ailleurs et qui crée des histoires autour de la composition.
Il y a aussi la question de la nature assez opulente, lumineuse... avec le principe de la fenêtre ouverte, poncif du fauvisme que Chagall a connu pendant son premier séjour à Paris.
Ce qui est aussi magnifique dans ces oeuvres de jeunesse, c'est qu'elles sont très fragiles : elles sont peintes à l'huile sur papier marouflé, ce qui donne une matité à l'oeuvre. le papier ne boit pas les pigments de la même façon que la toile ou le bois. Cette matité leur donne une profondeur et une poésie tout à fait exceptionnelles. »
Jusqu'au 31 janvier 2016 au Musée de La Piscine de Roubaix
7/10 euros. Gratuit pour les moins de 18 ans.
23 rue de l'Espérance, Roubaix.
03.20.69.23.5-60 / www.roubaix.lapiscine.com
Le Muba de Tourcoing met aussi Chagall à l'honneur en exposant un pan moins connu de la production de l'artiste : l'oeuvre tissée.
www.muba-tourcoing.fr