SORTIR Lyon Rhône-Alpes : A l'origine du Toboggan en 1996 et à sa tête depuis maintenant 13 ans, quel cap culturel avez-vous essayé de lui donner ?

Jean-Paul Bouvet : Après la dominante musique des débuts, due notamment à la qualité de l'école de musique locale (l'Harmonie décinoise), et les 4 premières saisons marquées aussi par le Quatuor Debussy et les musiques du monde, je me suis rendu compte que les spectacles de danse étaient très peu programmés dans l'est lyonnais.

SORTIR :
La danse contemporaine est aujourd'hui au coeur de votre programmation ?

J.P. Bouvet :
Oui : venant moi-même du monde du théâtre, j'ai vu à quel point la danse avait su évoluer, et se nourrir des autres arts. Les relations avec la Maison de la danse de Lyon et la biennale se sont donc renforcés.

SORTIR : N'est-ce pas trop dur de faire venir le public vers ces nouvelles formes de danse pas toujours évidentes ?

J.P. Bouvet :
En tant que centre culturel, notre rôle de médiateur est essentiel. Mais n'oublions pas qu'entre l'oeuvre et le spectateur, les 1ers médiateurs sont les artistes. Avec "Les à-propos du Toboggan", le public peut ainsi après les spectacles discuter avec les artistes, mais aussi entre eux : chacun s'aide alors du regard de l'autre, permettant de réfléchir sur ce qu'on a objectivement vu sur scène. C'est un chemin qui nécessite du temps : seule la fréquentation renouvelée des oeuvres permet de se fabriquer sa propre relation avec elles.

SORTIR :
Quels coups de coeur du public sont ainsi ressortis de la saison, qui prend fin ce soir avec la création de Double Jeu ?

J.P. Bouvet : Je citerai la fougue argentine de Che Malambo, le cirque vertical proposé par Le Petit Théâtre Baraque, l'horizontalité de Ricercar, ou encore l'impressionnante prestation des 105 musiciens du CNSMD de Lyon. Avec ses esthétiques très particulières, j'ai beaucoup aimé cette saison, très axée sur le regard.

SORTIR : Et si vous aviez 3 spectacles à cocher pour la saison 2009-2010 ?

J.P. Bouvet : Une pièce de théâtre, Les souffrance de Job ; et 2 spectacles de danse, Le jardin des délices et Lia Rodriguez. Mais ce n'est pas tout ! La saison prochaine verra pas moins de 12 créations, ainsi qu'une nouveauté : la carte ScèneEst. Outre une tarification avantageuse pour le public, ce partenariat entre les centres culturels de Décines, Bron, Saint-Priest et Vénissieux va nous permettre de mutualiser nos moyens. Avec à terme la possibilité j'espère de proposer aux compagnies des résidences, et de pouvoir ainsi les faire plus dialoguer avec la cité (par des interventions dans les écoles, les centres sociaux...). Et si ça ne tenait qu'à moi, j'aimerais qu'il n'y ait plus de saisons ! J'entends par là, que la programmation culturelle ne s'interrompe jamais, et qu'aller voir des spectacles devienne un geste aussi naturel que prendre un livre à la bibliothèque !