Elégances du mouvement sur mélopées mélancoliques

Le spectacle Voyage d’hiver n’a pas de véritable intrigue. Ce sont plutôt des états qui se succèdent, une suite de poèmes romantiques qui décrivent l’itinéraire d’une personne solitaire partant marcher dans un paysage hivernal dominé par la tristesse de la nature et celle d’avoir quitté le lieu de sa bien-aimée.
Reconnue pour son important travail de recherche sur la danse et la musique baroque, Béatrice Massin se livre dans cette création à une expérience fascinante. Son « voyage d’hiver » est l’histoire d’une fusion : celle des lieder de Franz Schubert et celle des sept danseurs qui, « ensemble, voyagent dans un pays féerique appelé… musique ». Les mélodies romantiques, chantées ici par Philippe Cantor, et la chorégraphie soulignent la variation des émotions de Voyage d’hiver. Les danseurs entourent le baryton, intégré à merveille au spectacle, de même que le piano qui trône sur une plateforme mobile.

Musique et danse prennent alors une certaine distance par rapport aux paroles et de ce fait, brillent de mystère en accentuant un climat d’une sombre beauté. La plupart des tonalités des morceaux sont en mode mineur, traduisant l’état d’esprit de Schubert. Le tout exprime une impression de douceur admirative, d’idéalisme et de sensibilité.
Béatrice Massin nous invite à parcourir avec elle les chemins de l’imaginaire, à partager la tendresse entre musiciens et danseurs et à voler sur le nuage doux et vaporeux de la mélancolie hivernale.