L’amour plus fort que les traditions religieuses ?

Jusqu’à la chute de Grenade, dernier bastion du royaume d’Al-Andalus en 1492, juifs, chrétiens et musulmans avaient construit ensemble la brillante civilisation arabo-andalouse, unique exemple dans l’histoire d’une cohabitation réussie des trois religions du livre. Boabdil, évoqué par Aragon dans Le fou d’Elsa fut son dernier roi. Aben Hamet, son fils exilé à Carthage avec son père et sa mère la sultane Zuléma et dont Chateaubriand fit un héros romantique dans Le dernier des Abencérage, ne rêve que de reconquérir le trône perdu. Le voilà donc à Grenade pour fomenter une révolte des musulmans. Mais le destin qui l’attend est bien loin de celui qu’il imaginait avant la rencontre avec Bianca, la fille du gouverneur de Grenade.

C’est donc à partir d’une histoire d’amour impossible entre une chrétienne et un musulman que Théodore Dubois, compositeur aujourd’hui méconnu, a écrit en italien un opéra tombé dans les oubliettes de l’histoire de la musique mais qui remporta pourtant à sa création en 1884 un énorme succès, dans le sillage d’un goût prononcé de l’époque pour l’orientalisme.