Le LaM, Lille métropole musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut, présente une exposition autobiographique sur ce Russe blanc, ce comte qui vient s'installer à Paris en 1921 : sans aucune formation de peintre, il se lance ! Sans le sous en 1929, il devient le protégé de Roger Dutilleul, grand collectionneur d'art français, qui lui achète tous ses tableaux : « peignez petit, je n'ai plus de place ! » Les deux hommes s'apprécient, naît une amitié profonde, « c'est mon coloriste ». Et il est vrai que les couleurs éclatent sur les toiles de ce peintre, exposé dès 1924, extrêmement apprécié jusqu'à sa mort en 1976, dont raconter l'histoire, c'est raconter les rencontres. Le LaM ne s'y est pas trompé et a choisi de l'entourer de ses amis, notamment des peintres russes, nombreux à Paris à cette époque.

 Soutine (tableau ci-contre), Chagall, Kandinsky, Poliakoff, de Staël, les œuvres dialoguent admirablement entre elles, de beaux rapprochements, notamment avec les superbes toiles de Nicolas de Staël.

Lanskoy va relier les deux écoles de Paris, figuratif au début de sa carrière, il bascule peu à peu vers l'abstraction. Le coloriste réalise également des œuvres en Noir et Blanc, dynamique du noir finalement toujours présente dans ses tableaux. « L'école de Paris, ce sont des voyageurs du hasard, qui se retrouvent dans un univers de complicité en gardant une personnalité propre », relate Sophie Lévy, conservatrice du LaM, qui possède une soixantaine d'œuvres du peintre, puisque le musée a hérité des collections Dutilleul, mais également de la famille Masurel, autre mécène de Lanskoy, une histoire donc très liée au musée.

Ainsi, on découvre des gouaches quasiment jamais exposées, dans leur jus, encadrées de petits dessins de Dutilleul, symbole fort de la complicité entre ces deux hommes ! « Liberté de ton et d'inspiration » : Sophie Lévy décrit bien ces petits trésors, avant de nous emmener devant « le clou du spectacle : sur l'idée du livre illustré, des planches sur La Genèse, punaisées dans l'atelier de Lanskoy. Il en changeait régulièrement les emplacements. Nous les avons présentées comme dans une sorte de théâtre, une explosion de couleurs dont se dégagent à la fois maîtrise et fraîcheur, une plénitude...