Les dernières séances

Les Belles Sorties c’est plus un dispositif qu’un festival. L’idée est de confier à différentes institutions culturelles de la métropole de Lille la programmation d’évènements dans plusieurs communes de l’agglomération. Une forme de décentralisation locale en fait. Pour la musique, les clés ont été confiées à l’Aéronef. Au menu de nombreux concerts, dont le trio blues de la chanteuse et pianiste Sarah McCoy à Mouvaux (21/06), le ciné concert de Fragments sur le cultissime Robocop du réalisateur Paul Verhoeven à la bibliothèque de Roncq (22/06) ; à Fretin le reload du mythique projet KaS Product toujours habité par Mona Soyoc (23/06) ; plus festifs les Ukulele Boboys à Houplines (06/07) et le TechnoBrass à Haubourdin (12/07) devraient également ensoleiller ces belles sorties.
On imagine mal les fragiles et lo-fi Florist écrasés dans la machinerie d’un festival. On pourra donc admirer ces herbes folles à l’Aéronef et évaluer si à juste titre Emily Sprague est admise dans la cour des Adrianne Lenker (Big Thief) ou Angel Olsen.
Frankie & The Witch Fingers ont été pris au fond du garage les doigts dans le pot de confiture psychédélique. Explorant avec délice les faces obscures ou insolées du rock psyché, Frankie & The Witch Fingers c’est l’assurance de voyager très loin en sautillant sur place.
Kurt Vile & The Violators c’est un rendez-vous avec un très grand singer-songwriter doublé d’un excellent guitariste. Avec Vile et ses Violators, nous sommes plus dans l’excellence que dans le classicisme. Ses titres s’étirent autant que sa longue chevelure, prenant le temps d’installer des climats finalement assez singuliers. Il est assez rare que le rock indépendant produise un artiste aussi rassembleur car sans avoir l’air d’y toucher, Kurt Vile s’approche des étoiles comme Tom Petty ou Bruce Springsteen.
Le blues du désert de Tinariwen a désormais une audience mondiale. Qui aurait pu prédire que ce groupe Touareg fondé il y a plus de quarante ans aux confins du Mali et de l’Algérie serait adulé par Robert Plant, Thom Yorke et désormais Jack White. Led Zeppelin, Radiohead, White Stripes comme un besoin de se ressourcer à cet oasis de transes et de mirages. De ces connexions, Tinariwen a su tirer le meilleur en évitant la folklorisation autant que le formatage world, pour le plus grand plaisir des occidentaux mais aussi le leur.
Weyes Blood est le projet folk-rock de l’américaine Natalie Mering. Après avoir écumé les différentes scènes alternatives des USA, cette chanteuse au timbre aigu et au vibrato enjôleur s’est muée en une étrange sirène naviguant entre classic-rock et production contemporaine. Une sophistication qui a permis à son registre de franchir un gap dans le sillage duquel on entend le meilleur du Laurel Canyon des 70’s, du folk anglais psyché, de l’americana contemporain ainsi qu’une incursion totalement assumée dans le mainstream.
Forever Pavot, alias Emile Sornin, c’est le parfum de la nostalgie et de la mélancolie. A partir de ces fragrances, Forever Pavot aménage différentes ambiances finalement assez cinématographiques mais pas avec les bonnes bobines. C’est ce mix mémoriel où François de Roubaix croise le psychédélisme, où le rock progressif est plus narratif que démonstratif qui emporte le morceau. Car Forever Pavot c’est bien cette longue traîne de références qui évite soigneusement le trou noir. Chercheur, explorateur, digger mais aussi chanteur, Forever Pavot c’est aussi des textes et une voix à l’onctuosité vénéneuse. Proche des univers de Flavien Berger ou Julien Gasc ; Forever Pavot fait planer la variété.