Contre les Arméniens, contre les Juifs et les Tsiganes, contre les Cambodgiens, les génocides ont ensanglanté le XXe siècle, qui s'est achevé avec un autre holocauste en 1994 au Rwanda. En trois mois, d'avril à juillet, près d'un million de Tutsi y ont été sauvagement assassinés par les Hutu, soit quelque 10 000 par jour ! Le plus souvent perpétrés par des voisins, ces massacres « de proximité » à la machette n'épargneront personne : ni les femmes, ni les enfants, ni même les Hutu jugés trop complaisants avec l'ennemi Tutsi. Dédiée aux victimes du génocide mais également aux « Justes » ayant risqué leur vie pour venir en aide aux persécutés, l'exposition s'articule autour de 20 portraits, et autant de témoignages, réalisés au Rwanda par le photographe Stéphane Dumont de Sauret. Des récits bouleversants d’hommes et de femmes, marqués à jamais dans leur corps et dans leur esprit, côtoient des histoires d’actes justes comme autant d’exemples à suivre d’une humanité résistante au coeur de la folie organisée. Des documents d’archives ainsi que des vidéos de témoignages complètent cette exposition, qui nous questionne : comment cela a-t-il été possible ? Comment éviter que cela ne se reproduise ? Comment réagirions-nous ? Quelles clés donner aux générations futures ? Certainement pas celles des bouffons obsédés par une concurrence malsaine des mémoires ! Là n'est pas la moindre vertu de l'exposition aixoise : faire comprendre que les mémoires douloureuses convergent, sans compétition victimaire prétexte à tous les révisionnismes.