Non ma fille tu n'iras pas danser
Ce qui frappe d'abord, c'est la prestation de Chiara Mastroianni qui trouve là un de ses plus jolis rôles depuis longtemps. Dans la peau d'une femme décidée à garder, envers et contre tout le contrôle de sa vie, elle force le respect autant par son jeu à la fois habité et digne que par la façon dont Christophe Honoré la met en scène. Entourée, presque cernée par une famille qui semble mieux savoir qu'elle le chemin qu'il lui faut prendre, Honoré montre une Léna aussi victime de vieux automatismes envers les femmes que prise aux pièges de ses propres contradictions, paralysée qu'elle est à l'idée de se fermer des portes. L'ensemble pourrait traîner en longueur si le film ne comptait pas sur une succession de scènes et un astucieux glissement chronologique pour entretenir l'intérêt pour ce parcours de femme, jusqu'à se permettre un aparté audacieux lorsque le réalisateur oublie la trame de son film le temps de mettre en scène une légende bretonne... En multipliant les seconds rôles, Honoré donne aussi vie à un environnement familial envahissant mais empêchant également chacun d'entre eux de prendre une véritable importance dans son récit, en dépit de nombreuses pistes esquissées au détour de scènes riches qui évitent tout effet choral. C'est la limite d'un film qui dresse pourtant un beau portrait de femme sans jamais donner dans la complaisance d'un regard mièvre ou compatissant, à découvrir.
Publié le 01/09/2009