ruiz.jpgOn commence avec notre chouchoute du moment, la péchue Olivia Ruiz, et son dernier album, plein de peps, aux histoires variant entre cruauté, humour et nostalgie : Miss météore. Que ce soit en anglais, en français ou en espagnol, la voix, douce, affirmée, de la belle résonne en nous, fait bouger nos pieds, s'insinue dans notre cerveau, qui fredonne les airs encore longtemps après ! Mais si, vous avez sûrement déjà entendu ce titre phare, Elle panique. Beaucoup se reconnaissent dans cette chanson sur « l'overthinking », cette capacité, assez féminine on l'avoue, à se pourrir la tête de questions jusqu'à complètement paniquer. Dans l'album, on aime aussi beaucoup la légère et disloquée When the night comes, ou la vibrante Le saule pleureur. Comme à son habitude, la p'tite brunette a mis à contribution ses proches, famille, amoureux, amis, ce qui donne un album bariolé, aux influences et rythmes, pop, plus folk ou même slam, très variés.

Coupland.jpgEleanor Rigby (Douglas Coupland, 10/18, 7,90 euros), un titre de livre piqué à une chanson des Beatles qui sied bien à notre solitaire héroïne, Elizabeth Dunn. A 36 ans, elle poursuit une morne existence, dans une petite ville du Canada. Un boulot ennuyeux, un appartement glauque et vide, peu d’amis, la vie qui est presque une corvée, et toujours cette insondable, insoutenable solitude. Liz se sent transparente, a l’impression de disparaître. Mais, un jour, coup de téléphone ! L’ordre établi va être bouleversé, l’histoire devient quelque peu barrée, mais croustillante et réjouissante. Férocement drôle, regard plein de lucidité, sans concessions, mais aussi plein d’espoir sur le monde qui nous entoure, sur nos existences sans fantaisie, ce roman est un petit bijou, scintillant d’humour, de réflexions, pertinentes et un peu flippantes, sur la vie, la mort, resplendissant d’optimisme dans tout ce fatras, en un mot : brillant !
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Autre récit barré et réjouissant : Contravention (10/18, 8.60 euros), du Français, à l’humour absurde un peu british, Stéfan Coïc. Un premier roman atypique, contant les péripéties de plus en plus improbables d’Adermatt Mac Dermott (même le nom du héros sonne comme une farce !). Le quadragénaire sentimental se retrouve abandonné au bord de la route, pour une sombre histoire d’envie de pisser et de camionneur malotru, par sa bien-aimée : Gladys. Quelques errements, une soirée bien arrosée et un « meilleur petit-déjeuner du monde » plus tard, notre (anti-)héros se découvre un petit frère et apprend le suicide de son paternel (une habitude familiale, tout comme la folie des grandeurs et l’extravagance, dont n’a pas hérité Adermatt). Accrochez-vous !

Une BD pour terminer : L’étirement du plexus brachial (Delcourt, 14,95 euros), ou, la jolie histoire de la mouvementée naissance de la merveilleuse Jeannette. Une fois habitué au dessin un peu brouillon, impossible à enfermer dans des cases, le lecteur se plonge avec délice dans les interrogations (très nombreuses), les déboires (pas si terribles) et les joies Plexus.jpg(immenses) de deux jeunes parents au bord de la crise de nerfs : avant la naissance, face à tous les « tu verras » (« tu verras, une fois parents, vous rentrerez dans le moule » ou « tu verras, après, les seins ressemblent à des gants de toilette »…), et après la naissance, face au froid monde médical. Pendant l’accouchement aussi, ne l’oublions pas ! Parce que la petite minette souffre d’un étirement du plexus brachial, tout comme un enfant chaque jour en France : son bras est tout faible… Séances de kiné, attelle, réprimandes médicales, mais surtout terrible angoisse : nos jeunes parents insouciants se font un sang d’encre, et nous avec, même si l’on ne peut s’empêcher de sourire au récit de ces mésaventures. On souhaite beaucoup de bonheur à la petite famille ! Vivement la suite des histoires des « bouclettes », ces 28 personnages dont Sylvain-Moizie nous raconte les vies truculentes au fil de ses opus un peu autobiographiques (ici, opus 13) !