Tanguy et la biscuiterie

Cédric Tanguy est originaire de Vannes. Petit, il voulait être Louis XIV. Alors il avoue avoir trouvé l’occasion trop belle de pouvoir disposer de la "cour" du Lieu Unique pour exposer. Il a habillé ses fresques photographiques de dorures, posé des lustres et monté des alcôves pour donner des accents versaillais à l'endroit. Et puis le roi et la reine n’étaient-ils pas surnommés le boulanger et la boulangère ? Merveilleux prétexte pour se plonger dans l’histoire de l’usine Lu et lui faire des clins d’œil. Cédric Tanguy a ressorti la photo des ouvrières mais les a habillées de portes-jarretelles. C’est plus vendeur. Il a changé le blé de la farine en liasse de billets tandis que les petits beurres se personnifient en jeunes hommes à la peau dorée et aux muscles saillants... Au cours de l'exposition, la dimension historique s’élargit mais le fil du temps s’emmêle. Une galerie de portraits donne à voir David Guetta en bourgeois de la Renaissance. La révolution s’illustre d’images d’émeutes en banlieues. Les autoportraits sont nombreux mais plus encore, les personnages qui composent ses fresques. Pour trouver ces figurants, il va dans les lycées, les quartiers ou sur des sites de rencontres.

Patricia Buck, chargée de la programmation arts plastiques du Lieu Unique en convient :
"Le monde de Tanguy est singulier. Pas de demi-mesure possible, on adore ou on déteste". Il dit puiser ses influences dans l’imaginaire romantique et baroque. Il admire l’univers de Tim Burton. Tanguy à la biscuiterie rejoue à sa façon Charlie et la chocolaterie. Il se veut aussi visionnaire, "pessimiste quant à la destinée de l’Homme mais désireux de savourer ce qu’il reste à vivre". Et comme Louis-Lefèvre-Utile le disait : "Pour susciter la gourmandise, rien de tel que de séduire l’œil".