Antigone à Molenbeek
Il y a bien longtemps que les Nuits de Fourvière suivent avec attention et désir le travail de Guy Cassiers. La question qu’ils se posent toujours est celle du répertoire et celle des liens à créer. Où peut-on nouer meilleure conversation avec les tragédies antiques ? Les visions d’Antigone et de Tirésias de Stefan Hertmans et Kae Tempest ont fait figure de prophétie. Les deux histoires, accompagnées des musiques du compositeur russe Dmitri Chostakovitch, ont permis la rencontre avec le Quatuor Debussy. L’Antigone puisée dans Antigone à Molenbeek d’Hertmans se nomme Nouria, elle est étudiante en droit. Son frère, radicalisé, a combattu aux côtés de Daesh et a péri dans un attentat-suicide. Nouria, comme Antigone, ne désire qu’une seule chose : enterrer la dépouille de son frère. Mais on refuse de la lui remettre.
Le Tirésias inspiré du recueil de poèmes de Kae Tempest est un adolescent d’aujourd’hui, âgé de 15 ans, qui se transforme en femme et finalement en prophète que personne n’écoute. C’est ainsi que Cassiers raconte Antigone et Tirésias en deux monologues. Nouria sera Ghita Serraj, Tirésias sera Valérie Dréville. Leurs paroles seront soutenues sur scène par le Quatuor Debussy qui interprétera en direct des extraits des Quatuors à cordes de Chostakovitch. Comme souvent, chez Cassiers, s’épousent technologie visuelle et musique pour servir des narrations épiques et lyriques dans lesquelles se mêlent les mots et les images.
Grâce à ce diptyque, il fait résonner les mots et la géographie de notre temps avec la destinée de deux des personnages les plus fascinants du patrimoine de l’antiquité.
Publié le 19/05/2021