Didon et Enée, remembered

D'après L’Énéide de Virgile, le destin d'une des premières grandes héroïnes tragiques de l'opéra qui est aussi la seule véritable œuvre du genre composée par Purcell, emblématique du baroque. Une œuvre classique aux fortes résonances politiques contemporaines.

L'histoire
Enée dont sortira la lignée des mythiques fondateurs de Rome est chassé de Troie par les Grecs et échoue à Carthage où règne Didon, syrienne de Tyr qui a fui la guerre civile. Didon et Enée tombent amoureux mais les Dieux désapprouvent leur coup de foudre car le destin d'Enée est d'aller fonder Rome et non d'aimer Didon. Enée abandonnera donc Didon qui s'immolera par le feu.

Une métaphore politique
Plus qu'une histoire d'amour tragique, Didon et Enée est une métaphore possible de l'affrontement entre Carthage et Rome, épisode central des Guerres puniques. La destruction de Carthage en -146, un siècle avant la rédaction de L’Énéide est en effet sous-jacente au célèbre poème de Virgile. La force du mini-opéra qu'en tira Purcell, réside tout autant dans la résonance contemporaine géopolitique de son histoire – celle de deux migrants européens face à la guerre – que dans la puissance d'évocation de son extraordinaire final.

Ce lamento de Didon, Remember me, a inspiré le guitariste de jazz finlandais Kalle Kalima pour une suite éponyme où le libre mouvement du jazz contemporain fait écho à ce joyau du baroque anglais. À la mise en scène, on retrouvera, nourri au théâtre berlinois, le jeune phénomène hongrois qui avait déjà marqué les esprits à l'Opéra de Lyon, avec Orphée et Eurydice en 2015 et La Damnation de Faust en 2016.