Don Juan revient de la guerre
Elle représente, par l'errance de Don Juan, soldat survivant d'une armée vaincue, une traversée de cette période qui aura vu autant de reconstructions que d'effondrements un peu partout au sein de cette vieille Europe.
Don Juan a perdu de sa superbe détruit par les horreurs d’un conflit total. Dans une Allemagne en proie à la crise, il va son chemin à la recherche de la fiancée qu’il a jadis abandonnée. Elle est morte. Il l’ignore. Et chaque femme qu’il rencontre est comme une facette de cet idéal perdu. En 24 tableaux, cette pièce exceptionnelle met en scène trente-cinq femmes pour un seul homme. Et c’est le destin de ces femmes que nous conte l’auteur, sans concessions, en témoin critique et chroniqueur fidèle de l’actualité qu’il a vécue. Cette pièce chorale laisse apparaître le mythe qui s’effondre et fait la part belle aux femmes.
Pour Guy Pierre Couleau, il semble impossible de recourir à une théâtralité conventionnelle pour donner à entendre les mots de Horváth. Un peu à la façon de Brecht, cet auteur réclame une forme différente pour traiter cette période de grande pauvreté. Ceci ne peut certainement pas se faire avec un décor, des patines, des trompe-l’oeil et des faux semblants. Il faut dénuement et simplicité scénique. Ici, deux comédiennes et un acteur les incarnent comme pour donner une distanciation qui puisse dire aux spectateurs combien leur liberté de regarder, de choisir et de compléter le sens avec les acteurs est importante.
Ce projet a obtenu la labellisation du Centenaire de la Première Guerre mondiale.
Ödön Von Horváth / Guy Pierre Couleau
Comédie De l’Est, Centre dramatique national d’Alsace
Publié le 05/12/2016