Iveta Apkalna
Un programme qui marque son affinité avec la musique de notre temps, et où Bach, le père de tous les organistes, se pose en juge suprême.
Iveta Apkalna encadre son programme de deux piliers inébranlables : Hymnus, composé pour elle par son compatriote Pēteris Vasks, et la Passacaille et Fugue de Bach, l’un des plus grands monuments de la littérature pour orgue. Entre ces deux rocs, l’organiste lettone, titulaire de l’orgue de la Philharmonie de l’Elbe à Hambourg, nous fait passer par les états les plus extrêmes. Avec La Cité céleste, seconde des Visions de l’Apocalyse de Lionel Rogg, nous sommes éblouis de lumière, écrasés de majesté. Le postlude de la Messe glagolitique nous réveille ensuite, joyeux et vigoureux comme une volée de cloches, un demi-siècle avant les tintinnabuli d’Arvo Pärt. La Passacaille de Chostakovitch est une inexorable et bouleversante montée de tension ; le compositeur russe la reprendra sous forme orchestrale dans son opéra Lady Macbeth de Mtsensk, après la mort de Boris, quand toute parole est devenue impossible. Cette pièce cataclysmique laisse un paysage désolé : celui de Balta Ainava, hypnotique étendue de neige et de brouillard où Vasks se rapproche de Philip Glass ou d’Arvo Pärt. Magnifique plongée dans un répertoire d’orgue peu fréquenté, et pourtant débordant de couleurs, d’images et d’émotions..
Publié le 05/04/2023